Le premier cas connu date de juillet 2021.
Elise Brown, Canadienne, 32ans, enceinte. Arrivée aux urgences pour une forte fièvre et des pertes d'équilibre. Au fil des jours, sa peau palissait, ses moments de conscience se firent de plus en plus rare. Elle se transforma en 79h. La femme fut placée en quarantaine dans un laboratoire de recherche.
Une semaine plus tard, on dénombrait une dizaine de cas, partout dans le monde. Aucun des patients n'avait de lien avec d'autres. Leur seul point commun, leur âge : plus de 25ans. Les plus grands médecins et scientifiques du monde ignoraient ce qui se passait.
Le 14 Septembre 2021, le premier centre de recherche spécialement dédié à cette nouvelle infection fut ouvert au Japon. Air filtré, interdiction de sortir ni d'ouvrir les portes, réserves de vivres, tels était la stratégie adoptée par le pays afin d'être sûr que leurs scientifiques ne seraient pas infectés.

Octobre, la barre des 10 000 victimes fut dépassée sans que le moindre médicament n'ait été trouvé. Les infectés étaient alors toujours gardés en vie en quarantaine. Ils se montraient de plus en plus agressifs, refusaient de se nourrir et ne semblaient attirés que par les êtres humains sains. Des analyses de leur activité cérébrale montrèrent des parties nécrosées. Le corps présentait des marques de décomposition.
En hivers, l'Europe et l'Amérique du Nord ouvrirent chacun son propre centre de recherche. Les Américains choisirent d'adopter la même technique que les Japonais alors que les Européens laissèrent les portes du laboratoire de Paris ouvertes, bien que surveillé par l'armée. Cette dernière est prête à tous pour protéger ceux qu'on appelle "la seule chance du vieux continent".
Au 1er Janvier 2022, 10 000 000 de personnes étaient alors infectés. Et toujours aucun enfant. La décision fut prise de tuer les infectés, car jugés dangereux. Les corps commençaient à être brûlés, on espérait ainsi limiter l'avancée de l'épidémie. On ne parvint pas non plus à déterminer le moyen de transmission de la maladie.

Le monde commença alors à tomber dans l'anarchie. Les gouvernements sombrèrent, plus aucune transmission radio, télévisuelle. Le nombre de victimes augmenta trop vite, il devint impossible de tous les trouver afin de les brûler. Ils commencèrent à errer dans les rues. Les lignes téléphoniques, internet, l'électricité, plus rien n’existait. Le peuple survivant fut livré à lui-même sans moyen de communication. Des centaines de milliers d'enfants se retrouvaient alors seuls, orphelins.

En avril 2022, l'armée commença l'évacuation du cœur de Paris, désireuse de garder en sécurité les scientifiques européens. La majorité des habitants fut déplacée en campagne ou dans d'autres grandes villes européennes. Des bombardements furent effectués sur leur propre peuple afin de faire fuir ceux refusant de quitter leur appartement, détruisant une bonne partie de la Capitale. La tour Eiffel tomba, symbolisant la fin de l'Ancien Monde. L'armée avait pour seule mission de tuer un maximum d'infectés et d'éloigner quiconque de la zone de recherche.

Malheureusement, tout cela fut vain. L'épidémie se répandit dans le laboratoire ainsi que dans les rangs de l'armée. Un par un, les plus brillants chercheurs perdaient leur humanité. La ville devient un vaste terrain inhabité ou presque. Au fil du temps, les survivants constituèrent des clans, tentant de survivre, ignorant qu'au cœur de la ville les survivants du centre de recherche continuaient à travailler sur un vaccin. Six mois après les bombardements, chacun semblait avoir trouvé sa place. Secte, clan solidaire, clan violent. Les nouveaux cas d'infections se faisaient rare. Des échanges commençaient entre les différents groupes. L'eau devenait une ressource précieuse, les nuages de poussière s'épaississaient de jour en jour, réduisant la luminosité et rendant difficile de respirer... Et, depuis quelque temps, des avions militaires surplombent la ville. Ils ne font que passé, brisant pour quelques instants le silence régnant sur les ruines. Représentent-ils un espoir ou une menace supplémentaire ?

L'Humanité ne pouvait pas avoir d'Happy End. Pour beaucoup, elle ne la méritait pas, pas après ce qu'elle a fait endurer à cette pauvre planète. Au début du Second millénaire, tous les maux de notre planète se sont soudainement aggravé. Les gouvernements se retrouvèrent confronté à des problèmes sans solution. Les récoltes ne parvenaient plus à survivre sur cette terre aride. La montée des eaux avalait chaque année un peu plus de territoire. Les guerres pour les dernières gouttes de pétrole faisait des victimes à la pelle, les nouvelles maladies également.

Oui, tout le monde pensait qu'on assistait là à la fin de l'Humanité. La technologie n'était pas assez avancée pour espérer permettre à l'Homme de s'installer sur d'autres planètes. Les Etats-Unis, seul pays encore assez riche et ayant les installations nécessaires, dépensèrent jusqu'à leur dernier dollar pour faire progresser les recherches, en vain.

Seuls quelques pays réussissaient à s'en tirer. Les territoires coupés de tout tels que l'Australie, l'Islande, Madagascar ressemblaient alors à des véritables paradis. Pris d'assaut par les clandestins, ils tentèrent de se protéger de l'extérieur. Des murs furent dressés, la sécurité des frontières renforcées au point qu'il tirait à balle réel sur la foule tentant d'escalader. Cependant le désespoir humain était plus fort que quelques hommes armés. Madagascar sombra à son tour dans le chaos.

Ce qu'on prit véritablement pour une nouvelle chance, ce fut cette annonce à la télé, à la radio et dans les journaux. En fait, l'information était relayée par tous les médias possibles. Vladimir Tcheikev, deuxième plus grosse fortune mondiale avait consacré les cinquante dernières années à la création d'une île indépendante. Une île sans maladie, une terre fertile éloignée des territoires irradiés. Cinq cents personnes allaient être envoyées là-bas dans un premier temps, puis régulièrement de nouveaux dossiers seront sélectionnés. Les critères étaient simple : Il fallait des citoyens travailleurs et surtout diversifié afin d'assurer l'autonomie totale de l'île.

La promesse était plus que séduisante. Des millions de dossiers furent déposés. En trois jours à peine les cinq cents futurs citoyens étaient choisis. Des citoyens qui, mise à part leur famille qui partait avec eux, n'avaient aucune attache dans les vieilles terres. Une semaine plus tard, ils embarquaient pour l'île. La Colonie, comme les médias l'appelaient. Les autre pays assistèrent impuissant à l'émigration de leur population.

A l'arrivée là-bas, le rêve tomba à l'eau. La population était triée en caste. Le choix du métier, l'habitation, le nombre d'enfant... Tout était réglementé en fonction. En plus d'être profondément discriminatoire, l'île avait son propre internet, ses propres chaînes, ses propres moyens de communication qui coupaient les habitants du monde extérieur. M. Tcheikev continuait de justifier ses choix, expliquant que la survie de l'espèce ne pouvait passer que par un contrôle stricte.

Un pourcentage de la population se dressa face a la résistance. Rien ne pouvait être pire que la terre ferme. Cette île était un véritable miracle, une chance pour chacun d'entre eux, la survie de l'espèce nécessitait des sacrifices. Tout ça, les castes, la surveillance, ce n'était que pour assurer la longévité de Colonie... N'est-ce pas ? Un doute persistait toujours chez certains... Ils avaient assez confiance en l'humanité et voulait qu'une chance de s'auto-géré soit donnée au peuple.

Il y eut des mouvements de rébellion, mais l'armée de l'île était plus forte, mieux équipée, mieux préparée. Pourtant, ils ne réussirent pas à tuer totalement cette colère que nourrissait le peuple ; de nouveaux citoyens arrivèrent. Certains vinrent grossir les rangs des rebelles, d'autres ceux de l'armée. Les deux camps se faisaient face, défendant chacun les principes en lesquelles ils croyaient. Plus que jamais, la société se retrouvait divisée. Cette véritable guerre civile n'allait pas finir de si tôt.